Les grandes affaires criminelles.

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Patrick Henry: la France a peur !

 

Le 18 février 1976, Roger Gicquel commença son journal de 20 heures sur TF1 par ce cri : "La France a peur", à propos de l'enlèvement et du meurtre du petit Philippe Bertrand.

Le 30 janvier 1976, à la sortie de l'école, à Troyes, un garçonnet de 8 ans, Philippe Bertrand, est enlevé. Peu après, les parents de l'enfant reçoive un coup de téléphone du ravisseur qui réclame un million de francs, pour la libération de leur fils. Les policiers arrivent à identifier la cabine téléphonique de laquelle le coup de fil est passée, à Bréviandes. Mais une boulette des gendarmes, trop visibles avec leur gyrophare,  font capoter la souricière autour de la cabine visée et le kidnappeur, qui est resté bien trop longtemps en ligne, preuve de son amateurisme, va s'enfuir dans la nuit. L'OCRB du commissaire Charles Pellegrini est alors mise sur le coup.

 


 

Devant l'impasse dans laquelle se trouve l'enquête, la police demande alors aux parents du petit Philippe Bertrand, de faire un appel au ravisseur, à la télévision, pour rendre l'enfant.


 

3 jours après, un gant contenant une enveloppe cachetée est déposée dans la boîte au lettre de l'abbé Cuny, un proche de la famille. La lettre contient des instructions du ou des ravisseurs pour remettre une rançon de un million de francs. Les époux Bertrand préviennent la police. Direction Brienne-le-Château pour le père de Philippe, la nuit, avec la rançon, suivi par une voiture de police, qui découvre, au fur et à mesure, des habits de son fils contenant de nouvelles instructions. Sur le parking du restaurant La Mangeoire, il laisse la valise bourrée de billets, près d'un manteau. Les policiers planquent autour de l'établissement. Les minutes s'égrènent et les policiers décident alors d'investir le restaurant, pensant que le ou les ravisseurs ont du nécessairement passer par la taverne. Les propriétaires, les époux Torcia, coopèrent avec les enquêteurs de l'OCRB. Ils leur parlent d'un individu qui est venu boire un Périer, en début de soirée . Soudain, Mr Torcia reconnut la voiture de l'inconnu, une DS, qui passait sur la route,  direction Troyes. Les policiers se mettent tout de suite à la poursuite du véhicule, mais ne le rattrapent pas. Heureusement, un policier a pu relever la plaque d'immatriculation de la Citroën:  880 JA 10. Le propriétaire de la voiture est un certain Patrick Henry, un proche de la famille Betrand. Le lendemain, à 6 heures, les policiers interpellent le suspect à son domicile. Les Torcia, lors d'un tapissage, reconnaissent l'individu comme étant le consommateur de la veille. Mais lors de la garde à vue, le suspect n'avoue pas. A la fin de celle-ci, Pellegrini tente alors un coup de bluff, en emmenant Patrick Henry en pleine forêt, la nuit, le menaçant de son pistolet, tirant à côté pour lui faire peur ! Mais le suspect ne bronche pas.  A la sortie de sa garde à vue, l'homme va même clamer son innocence au Journal télévisé, devant la France entière, et va se dire victime d'une erreur judiciaire.

 


Un témoignage anonyme va relancer l'affaire. Un témoin avertit la police que Henry avait été vu, dans une rue de Troyes, devant une pension familiale, les Charmilles. Le patron de l'établissement, reconnaît la photo présentée par les policiers, mais il indique qu'il connaît cet individu sous le nom de M.Vandermesch, à qui il a loué une chambre. Il est d'ailleurs dans son deux pièces, en ce moment. Les enquêteurs se précipitent vers le studio et ils s'aperçoivent qu'un homme, de sa fenêtre, vient de sauter dans la rue. Il rattrape le fuyard qui s'avère être Patrick Henry. Dans sa chambre, sous son lit, il découvre alors le corps sans vie du petit Philippe Bertrand.

Le suspect avoue alors avoir kidnappé et tué le garçonnet. Connaissant le petit Philippe, celui-ci l'a suivi sans problème, à la sortie de l'école. Pour les médecins légistes, l'enfant aurait été tué peu après son enlèvement, n'empêchant pas le tueur à aller passer un week-end au ski après son meurtre !

Patrick Henry, lors de son procès, qui débuta en janvier 1977, fut défendu par Robert Badinter, opposant acharné à la peine de mort et leader des abolitionnistes.

 


 

Ses plaidoiries ne cherchèrent pas à disculper Patrick Henry, qui était indéfendable, mais oeuvraient à  faire le procès de la peine de mort. Le ministre de l'intérieur de l'époque, Michel Poniatowski, sortit même de son devoir de réserve et se prononça en direct, à la télévision, pour la peine capitale.

Mais la stratégie de Badinter fut la bonne, puisque Patrick Henry sauva sa tête, et fut condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Prisonnier modèle, passant des diplômes durant son incarcération, l'homme bénéficia d'une liberté conditionnelle, le 15 mai 2001et fut embauché dans une imprimerie du Calvados. Dans la nuit du 5 au 6 octobre 2002, il est arrêté en Espagne, en possession de 9 kilos de résine de cannabis. Il fut extradé vers la France en avril 2003 et retourna en prison.

 

Cet enlèvement et ce meurtre d'enfant, chauffa à blanc l'opinion publique française et coûta, certainement, la vie de Christian Ranucci, le meurtrier de la petite Marie-Dolorès Rambla, qui ne fut pas gracié par Valery Giscard d'Estaing, et fut guillotiné le 28 juillet 1976, quelques mois après le procès de Patrick Henry. Pourtant, le crime de ce dernier était bien plus atroce que celui du jeune niçois, puisqu'il avait prémédité son coup, connaissait les parents de l'enfant, et fit preuve d'un cynisme à tout épreuve, en proclamant son innocence devant la France entière tout en menant la dolce vita, alors qu'un garçonnet croupissait déjà sous un lit, mort. C'est bien les plaidoiries de Robert Badinter qui sauvèrent sa tête !

 

Regardez le Faites entrer l'accusé, sur l'affaire Patrick Henry.

 




03/08/2013
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