DRAME FAMILIAL.
JOHN LIST: FAMILLE, JE VOUS HAIS !
John List , banquier de son métier, a réussi sa vie accédant à l'american way of life. Il a une femme, trois enfants, et une belle maison avec une verte pelouse. Mais derrière cette façade de bonheur discret et de respectabilité, Johnny s'ennuie, il ne supporte plus sa mère qui s'empiffre et passe son temps à prier, sa femme alcoolique qui commence à dérailler, et ses trois enfants qui l'envoient bouler ! De plus, il est perclus de dette et la banque vient de le licencier, ce qu'il cache à sa famille en faisant semblant d'aller bosser tous les matins, un peu comme Jean-Claude Romand, le mythomane de Ferney-Voltaire. Le 9 novembre 1971, il va péter une durite ! Il tue d'abord sa mère, puis sa femme, avec une arme à feu. Il occis deux de ses enfants au retour de l'école. Enfin, après être allé voir le match de foot de son dernier, il le massacre au retour à la maison. Dans une lettre à son pasteur, il écrivit que ce monde était satanique et qu'il a voulu sauver les âmes des siens. A première vue, on pourrait penser que l'homme a massacré sa famille sur un coup de folie, mais le "modus operandi" prouvait plutôt le contraire. Ces assassinats étaient prémédités puisque John List disparu presque à jamais !
18 ans plus tard, l'émission télévisée America's Most Wanted, évoqua l'affaire John List devant le public américain et un habitant de Richmond, reconnut son voisin comme étant l'assassin. Le 1er juin 1989, List fut arrêté. L'homme avait refait sa vie à Denver, sous le nom de Bob Clark et il se maria avec Dolores Miller, une adepte de son église luthérienne.
Jugé en 1990, il fut condamné à 5 peines de prison à vie. Il fit appel du jugement, mettant son action meurtrière sur un trouble de stress post-traumatique, causé par sa participation à la seconde guerre mondiale et à la guerre de Corée, mais son argument fut rejeté. A la question de savoir pourquoi il ne s'était pas suicidé, il répondit que le suicide l'aurait empêché d'aller au paradis. Il est mort en prison en 2008. Cette histoire ressemble presque trait pour trait à celle de Dupont de Ligonnès.
JEAN-CLAUDE ROMAND OU LE ROMAN D'UN MENTEUR.
Le 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand, un brillant médecin travaillant à l'OMS à Génève, tuait sa femme, Florence et ses deux enfants, avant d'occire, le lendemain, ses parents, à leur domicile. Après avoir tenté de tuer sa maîtresse, il revint dans la maison conjugale où il avala des barbituriques et mit le feu à l'édifice. Les pompiers arrivèrent à temps pour sauver le médecin mais pour découvrir le carnage. Après enquête de la police il s'avéra que Jean-Claude Romand n'était pas médecin, qu'il ne travaillait pas à l'OMS et qu'il avait menti durant 18 années à son entourage. Comment le sympathique médecin jurassien, apprécié de tous, en était-il arrivé là ?
Né en 1954, à Lons-le-Saunier, dans une famille de forestier, fils unique et élève brillant, Jean-Claude Romand, toujours premier de la classe se voit promis à un avenir radieux. Première année de médecine dans la poche, à Lyon, le sympathique Jean-Claude, va inexplicablement ne pas se présenter aux examens de la 2eme année de médecine, en 1975, tout en comportant comme si il avait réussi les épreuves. Premier mensonge, non découvert, qui va entraîner les autres. En effet, il passera 12 années à la fac de médecine de Lyon en faisant croire à son entourage qu'il gravissait les échelons vers la gloire médicale en intégrant le prestigieux internat de Paris. Puis, Jean-Claude se maria avec une lointaine cousine, Florence Crolet, qui avait ses études de pharmacie, à Lyon.
Jean-Claude pour attirer la compassion, dit être atteint d'un cancer, un lymphome, qui le rongerait de l'intérieur. Tout son entourage est admiratif devant son courage.
Et puis le bon docteur Romand, résident de Ferney-Voltaire, prestigieuse cité du Pays de Gex, proche de la frontière suisse, peuplée de fonctionnaires internationaux, endroit idéal pour aller travailler à l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), juste derrière la frontière. Si Jean-Claude se levait le matin, c'est n'était pas pour aller travailler à l'OMS, mais pour errer sur les routes du Jura et de l'Ain, ou sur les parkings de supermarché pour faire passer le temps. Lorsqu'il dit avoir une mission à l'étranger, il passait ses jours dans un hôtel de l'aéroport de Genève, lisant des revues médicales. Comment faisait-il pour alimenter son haut niveau de vie ? En vidant les comptes de ses parents, en vendant leur patrimoine foncier et en escroquant son entourage proche, faisant miroiter des placements à haut-rendement en Suisse. Le bon docteur, tout en rondeur, modeste et compétent, connaissant le gratin parisien, inspirait une confiance aveugle.
Lorsque son beau-père lui demanda de lui restituer 20 000 €, pour s'acheter une voiture, Pierre Crolet fit une chute malencontreuse, alors qu'il visitait une de ses maisons avec son gendre et se brisa le crâne. Une de ses amies lui demanda aussi de récupérer une somme de 140 000 €, le bon docteur, qui n'avait plus cet argent, joua la montre en faisant miroiter une soirée avec Bernard Kouchner, début 1993. En fait, Romand était au bout du chemin puisqu'il avait mangé le patrimoine de ses parents et déjà croqué les 450 000 € remis par sa belle-famille pour faire des placements inexistants. L'étau se resserrait sur le mythomane, qui n'avait plus les moyens financiers de ses mensonges et les rappels de sa banque pour ses découverts ne fit que précipiter la fin.
Le "malheur" de Jean-Claude Romand, fut que son premier mensonge, sur le passage en 2eme année, en 1975, pour ne pas décevoir ses parents et sa fiancée ne fut pas découvert, et que les autres vont suivre avec une étonnante efficience, qui ont du surprendre le mythomane. Le personnage qu'il s'était forgé, celui d'un chercheur renommé, fréquentant le gratin médical français, lui apportait des gratifications qui alimentaient son narcissisme, la promesse de la découverte du pot aux roses, devait nécessairement déboucher sur la mort de ce personnage imaginaire mais aussi de ceux pour qui ce personnage avait été crée, ses parents et sa femme.
Lorsque les psychiatres interrogèrent Romand sur les meurtres de ses proches, le meurtrier avoua que ce qu'il avait commis était terrible, mais qu'au moins il était désormais lui-même, il n'était plus obligé de jouer ce personnage qui était devenu sa prison mentale.
Lors de son procès, l'auditoire fut étonné par le contraste entre l'horreur du crime et la banalité de l'accusé au profil de "Monsieur Tout le Monde". Romand eut l'air absent, comme si ce procès n'était pas le sien, mais celui de l'autre ...il fut condamné à la prison à perpétuité avec 22 ans de sûreté et il est donc libérable en 2015.
Pour approfondir ce fait-divers hors du commun, il y a l'excellent livre d'Emmanuel Carrère, L'adversaire,
qui a été adapté au cinéma avec Daniel Auteuil dans le rôle du mythomane, sans compter le Faites entrer l'accusé de Christophe Hondelatte sur cette affaire.
Le sujet de philosophie au bac 1971 était :"La vérité existe-t-elle ?" et Jean-Claude Romand eut 16/20.